Alors, parlons de Nancy. La question revient souvent, surtout quand on la compare à ses voisines alsaciennes ou mosellanes : Nancy a-t-elle déjà été allemande ? C’est une interrogation légitime, chargée d’histoire et de frontières qui ont dansé la valse au gré des conflits.
Non, Nancy n’a jamais été allemande au sens d’une annexion politique comme l’ont été Strasbourg ou Metz après la guerre de 1870.
Voilà, c’est dit. Mais cette réponse, si simple soit-elle, cache une réalité bien plus nuancée, une histoire de résilience et une identité farouchement lorraine puis française. Laissez-moi vous emmener dans les coulisses de l’histoire de cette cité ducale, une ville qui a connu l’occupation, la peur, mais jamais la perte de son âme française.
Nancy, un Cœur Lorrain avant d’être Français
Pour bien comprendre pourquoi Nancy n’a pas partagé le même destin que ses voisines, il faut remonter le temps. Bien avant les guerres franco-prussiennes, bien avant même la Révolution. Nancy était la capitale du Duché de Lorraine, un État indépendant. Pendant des siècles, les ducs de Lorraine ont régné sur ce territoire, jonglant avec les influences du Saint-Empire romain germanique et du Royaume de France. Ce n’était ni l’un, ni l’autre. C’était la Lorraine.
Cette indépendance a forgé un caractère unique. L’âge d’or de Nancy, on le doit d’ailleurs à un roi sans royaume, Stanislas Leszczynski, roi de Pologne déchu et beau-père de Louis XV. C’est lui qui, en devenant le dernier duc de Lorraine, a façonné le visage de la ville que nous aimons aujourd’hui. Il a commandé cet ensemble architectural exceptionnel du XVIIIe siècle, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO : la Place Stanislas, la Place de la Carrière et la Place d’Alliance. Un chef-d’œuvre qui ancre définitivement Nancy dans l’élégance et la culture française.
À sa mort, en 1766, le Duché de Lorraine est rattaché au Royaume de France, comme convenu. C’est un rattachement consenti, une transition dynastique, pas une conquête. Ce point est crucial. Au moment où l’Allemagne unifiée de Bismarck annexe l’Alsace et une partie de la Lorraine (la Moselle actuelle) en 1871, Nancy, elle, reste française. Elle devient même une sorte de capitale de l’Est pour la France, accueillant de nombreux « optants », ces Alsaciens et Mosellans qui refusent de devenir allemands et choisissent de s’exiler en France.
Cette période a été un véritable boom pour la ville. Elle a vu sa population exploser, son industrie se développer et sa culture s’enrichir, notamment avec l’émergence de l’École de Nancy, le fer de lance de l’Art Nouveau en France. Nancy devient alors un symbole de la France « perdue », un bastion du patriotisme face à l’Empire allemand.
L’Épreuve des Guerres : Occupation ne veut pas dire Annexion
Le XXe siècle a apporté son lot de drames. Nancy, par sa position stratégique, s’est retrouvée en première ligne des deux conflits mondiaux. Mais il faut bien faire la distinction entre une occupation militaire et une annexion politique.
Pendant la Première Guerre mondiale, la ville subit des bombardements, mais la ligne de front se stabilise plus au nord. Elle ne sera pas occupée. La Seconde Guerre mondiale, c’est une autre histoire. Après la défaite de 1940, Nancy est occupée par l’armée allemande, comme une grande partie de la France. La vie sous la botte nazie est dure, faite de restrictions, de peur et d’actes de résistance. Mais même à ce moment-là, elle reste administrativement rattachée à la France du régime de Vichy. Elle n’est pas intégrée au Reich comme l’Alsace-Moselle.
Le Miracle de Septembre 1944
L’histoire la plus folle, et peut-être la plus méconnue, est celle qui explique pourquoi Nancy est encore debout aujourd’hui, avec ses trésors architecturaux intacts. En septembre 1944, la situation est critique. Les Alliés approchent, menés par les troupes américaines du général Patton. Près de 30 000 soldats allemands sont retranchés dans la ville, et les ordres sont clairs : défendre la ville jusqu’au bout et, en cas de retraite, appliquer la politique de la terre brûlée.
Imaginez la scène : des milliers de soldats prêts à transformer la Place Stanislas en un champ de ruines. Le destin de Nancy semblait scellé, à l’image de tant d’autres villes martyres comme Caen ou Saint-Malo.
Mais c’est sans compter sur le courage de trois hommes. Un Laxovien (habitant de Laxou, une commune voisine), Marius Piant, et deux de ses compagnons, René et Roger Guyot. Ces résistants connaissent la région comme leur poche. Ils apprennent que les Américains prévoient un bombardement massif pour déloger les Allemands avant l’assaut terrestre. Ce serait la fin de Nancy. Ils prennent alors une décision insensée : traverser les lignes ennemies pour avertir les Américains.
Leur périple est digne d’un film. Ils se faufilent à travers les bois, évitent les patrouilles, et finissent par atteindre le poste de commandement américain. Là, ils expliquent la situation et, surtout, ils donnent des informations capitales sur les positions allemandes, notamment les points faibles de leur défense. Ils proposent un plan audacieux : guider les troupes américaines par un chemin de traverse pour contourner les principales défenses et prendre les Allemands à revers.
Le commandement américain, d’abord sceptique, se laisse convaincre. Le bombardement est annulé. Le destin de Nancy vient de basculer.
Une Libération dans la Joie et les Larmes
Le 15 septembre 1944, le plan fonctionne. Les soldats américains, guidés par les résistants, entrent dans la ville. La libération de Nancy est en marche. Pour ceux qui l’ont vécu, ce jour reste gravé à jamais.
J’ai lu récemment les témoignages de Christiane et Gilberte, qui avaient 19 et 16 ans à l’époque, rapportés par
. Leurs mots sont poignants. Elles racontent le bruit des chars américains qui résonne enfin dans les rues, l’incrédulité, puis l’explosion de joie. Elles décrivent les Nancéiens sortant des caves, courant vers les libérateurs, leur offrant des fleurs, du vin, des baisers. C’est l’image d’une ville qui respire à nouveau après des années d’apnée.
Cette libération, vécue si intensément, a scellé pour de bon le lien indéfectible entre Nancy et la nation française. Ce n’était pas seulement la fin de l’occupation, c’était la confirmation triomphale de son identité.
Nancy Aujourd’hui : Capitale des Ducs, Ville du Grand Est
Aujourd’hui, quand on se promène dans Nancy, on ressent tout le poids de cette histoire. La ville est la préfecture du département de Meurthe-et-Moselle, au cœur de la région Grand Est. Son identité administrative est clairement française, comme le confirme sa fiche Wikipédia.
Mais au-delà de l’administration, c’est son âme qui est française, avec cette touche lorraine si particulière. C’est un mélange unique :
- L’élégance du XVIIIe siècle sur la Place Stanislas, où l’on s’imagine à la cour d’un petit Versailles.
- La créativité foisonnante de l’Art Nouveau, avec les volutes végétales qui ornent les façades de la Villa Majorelle ou de la Brasserie Excelsior.
- La gourmandise d’une quiche lorraine, d’un macaron de Nancy ou d’une gorgée de mirabelle.
Nancy n’a pas besoin de prouver sa « francité », elle la vit, elle la respire à chaque coin de rue.
Le Pouls de la Cité Ducale en 2025 : Ça Bouge à Nancy !
Loin de n’être qu’un musée à ciel ouvert, Nancy est une ville incroyablement vivante, surtout quand le printemps pointe le bout de son nez. Si vous prévoyez une visite en 2025, deux événements majeurs vont rythmer la vie de la cité.
La Foire Attractive : Une Tradition au Cœur de la Ville
D’abord, il y a la Foire Attractive. C’est une véritable institution ! C’est l’une des dernières grandes fêtes foraines de France à s’installer en plein centre-ville.
Du
28 mars au 27 avril 2025, le Cours Léopold et la Place Carnot se transforment en un tourbillon de lumières, de musique et d’odeurs de gaufres. Avec plus de 180 attractions et stands, c’est le rendez-vous incontournable des familles, des étudiants et de tous ceux qui ont gardé leur âme d’enfant. J’adore cette ambiance, ce joyeux chaos qui prend possession de la ville pendant un mois entier. C’est une tradition populaire qui se perpétue et qui donne à Nancy une énergie folle.
La Foire Expo : Un Voyage dans le Temps
Plus tard dans la saison, c’est la Foire Exposition qui prend le relais au Parc des Expositions. Chaque année, un thème différent vient pimenter l’événement. Et pour l’édition 2025, préparez les pattes d’eph et les robes à fleurs, car le thème est tout simplement génial : « Sixties années pop ». Comme le rapporte
, on nous promet un voyage dans l’univers coloré et révolutionnaire de cette décennie mythique.
J’imagine déjà les expositions sur le design, la musique des Beatles et des Rolling Stones, la mode de Mary Quant… C’est une excellente idée qui va attirer un public très large, des nostalgiques aux plus jeunes curieux de découvrir l’effervescence des années 60.
Voici un petit résumé pour ne rien manquer :
Événement | Dates 2025 | Lieu | Thème / Spécificité |
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Foire Attractive de Nancy | Du 28 mars au 27 avril | Centre-ville (Cours Léopold) | Grande fête foraine traditionnelle |
Foire Exposition de Nancy | Début juin (dates à confirmer) | Parc des Expositions | Thème 2025 : « Sixties années pop » |
En conclusion, si quelqu’un vous demande encore si Nancy a été allemande, vous avez maintenant toute l’histoire. Vous pouvez lui raconter le Duché de Lorraine, le choix de rester française en 1871, et le courage insensé de Marius Piant qui a sauvé la ville de la destruction. Nancy a une histoire complexe, parfois douloureuse, mais son identité n’a jamais vacillé. Elle est une ville profondément lorraine et fièrement française, une ville qui a su préserver son patrimoine exceptionnel tout en regardant vers l’avenir. Et franchement, ça vaut le détour.
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