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Le 6 décembre : Histoire, traditions et légendes autour de la Saint-Nicolas

Le 6 décembre : bien plus qu’une simple date sur le calendrier avant Noël

Le 6 décembre : bien plus qu'une simple date sur le calendrier avant Noël

Plongeons ensemble dans les secrets du 6 décembre. Si votre esprit est déjà tourné vers les guirlandes et le sapin, laissez-moi vous arrêter un instant. Car avant le grand barbu en rouge et son traîneau volant, il y a un autre personnage, plus ancien, plus ancré dans nos terroirs, qui fait son apparition.

Le 6 décembre, on célèbre principalement la Saint-Nicolas, une fête traditionnelle particulièrement vivace dans l’est de la France, comme en Lorraine et en Alsace, qui honore Nicolas de Myre, l’ancêtre historique du Père Noël.

Voilà, la réponse est lâchée. Mais s’arrêter là serait comme juger un livre à sa couverture. Le 6 décembre est une porte d’entrée vers un monde de légendes, de traditions gourmandes et d’histoires fascinantes qui méritent d’être contées. Alors, prenez un chocolat chaud, installez-vous confortablement, je vous emmène en voyage.

Qui était vraiment Saint Nicolas ? L’homme derrière la légende

Oubliez un instant l’image du bonhomme jovial distribuant des cadeaux. Le véritable Nicolas n’était pas un personnage de conte de fées, mais un homme de foi au caractère bien trempé. Né à Patare, en Lycie (l’actuelle Turquie), vers l’an 270, il devient évêque de Myre. Loin de l’image douceâtre qu’on lui prête parfois, les récits historiques le décrivent comme un fervent défenseur de la foi chrétienne, n’hésitant pas à ferrailler contre les hérésies de son temps lors du concile de Nicée.

Sa réputation de protecteur et de bienfaiteur ne vient pas de nulle part. Elle est née de sa générosité légendaire. L’histoire la plus célèbre est sans doute celle des trois jeunes filles.

Leur père, ruiné, ne pouvait leur fournir de dot, les condamnant à une vie de misère ou de prostitution. Apprenant leur sort, Nicolas, agissant dans le plus grand secret, jeta par trois fois un sac d’or par la fenêtre de leur maison, la nuit. Ces dons permirent aux trois sœurs de se marier et d’échapper à leur funeste destin.

C’est de cet acte que nous vient la tradition des cadeaux déposés en secret durant la nuit. Un geste discret, mais qui a changé des vies. C’est bien plus profond qu’une simple liste de souhaits, n’est-ce pas ?

La légende prend une tournure plus sombre, mais tout aussi fondatrice, avec l’histoire des trois petits enfants. Perdus, ils demandent l’hospitalité à un boucher. Malheureusement, l’homme était tout sauf accueillant. Il les tua, les découpa en morceaux et les mit au saloir pour les vendre comme du petit salé. Sept ans plus tard, Saint Nicolas, de passage, frappa à la porte du même boucher. Devant l’étal, il eut une vision de l’horrible crime. D’un simple geste, il ressuscita les trois enfants, qui sortirent sains et saufs du tonneau.

Cette histoire, bien que macabre, a solidifié son statut de protecteur des enfants. Elle explique aussi pourquoi il est souvent représenté avec un baquet à ses pieds, d’où sortent trois petits garçons. C’est ce Nicolas, évêque historique et héros de légendes, qui serait décédé un 6 décembre 343, faisant de cette date son jour de fête.

Le duo inséparable : Saint Nicolas et le redoutable Père Fouettard

Saint Nicolas ne voyage jamais seul. Il a toujours à ses côtés un acolyte, beaucoup moins sympathique celui-là : le Père Fouettard. C’est la parfaite incarnation du bâton et de la carotte. Si le grand Saint récompense les enfants sages, le Père Fouettard, lui, se charge des autres.

Son origine est aussi fascinante que celle de son patron. La légende la plus répandue en Lorraine en fait… le boucher de l’histoire des trois enfants ! Pour le punir de son crime odieux, Saint Nicolas l’aurait condamné à le suivre éternellement comme un contre-exemple, un rappel ambulant des conséquences de la méchanceté. Vêtu de noir, le visage barbouillé de suie, il porte un grand sac pour y enfermer les désobéissants et un martinet (ou un fagot de branches) pour distribuer des fessées symboliques.

Il est le « bad cop » de l’opération, le personnage qui fait un peu peur mais qui, au fond, sert à valoriser la bonté du Saint. Cette dualité est essentielle à la tradition. Elle représente l’éternel équilibre entre le bien et le mal, la récompense et la punition, une leçon de morale simple et puissante pour les enfants.

Et n’oublions pas le troisième membre de l’équipe : l’âne ! Plus discret, il porte les hottes remplies de cadeaux et de friandises. C’est pour lui que les enfants déposent traditionnellement une carotte et un morceau de sucre dans leurs souliers, à côté du verre de lait ou de vin chaud pour le Saint. Un trio improbable mais indissociable.

Une fête gourmande et populaire : la Saint-Nicolas aujourd’hui

Si la tradition s’est estompée dans de nombreuses régions françaises, supplantée par le Père Noël, elle reste incroyablement vivante et vibrante dans l’Est. En Lorraine et en Alsace, le 6 décembre n’est pas un jour comme les autres. C’est un véritable événement, préparé des semaines à l’avance.

Les villes et villages s’animent de défilés spectaculaires. Des chars décorés, des fanfares, et bien sûr, Saint Nicolas en personne, majestueux sur son char ou son cheval blanc, saluant la foule et distribuant des bonbons. Juste derrière lui, le Père Fouettard fait le spectacle, grognant et faisant mine de poursuivre les enfants turbulents, pour le plus grand plaisir (un peu effrayé) des petits et des grands.

Mais la Saint-Nicolas est avant tout une fête des saveurs. Les boulangeries et pâtisseries regorgent de spécialités confectionnées uniquement pour l’occasion :

  • Les Männele (ou Manalas) : de délicieuses petites brioches en forme de bonhomme, parfois décorées de pépites de chocolat. Un incontournable du petit-déjeuner ou du goûter.
  • Le pain d’épices : souvent moulé à l’effigie du Saint, son parfum de cannelle, de girofle et de miel embaume les marchés de Noël.
  • Les clémentines : elles rappellent les sacs d’or de la légende.
  • Les chocolats : à l’effigie de Saint Nicolas, de l’âne ou même du Père Fouettard.

La véritable magie opère dans la nuit du 5 au 6 décembre. Les enfants, après avoir déposé leurs souliers près de la cheminée ou de la porte, vont se coucher le cœur battant. Le lendemain matin, les enfants sages y découvrent des friandises et de petits cadeaux, tandis que les autres… pourraient bien n’y trouver qu’une branche de bois ou un morceau de charbon laissé par le Père Fouettard.

De Saint Nicolas à Santa Claus : la folle histoire d’une transformation

De Saint Nicolas à Santa Claus : la folle histoire d'une transformation

Vous vous demandez peut-être quel est le lien entre notre évêque turc et le Père Noël bedonnant qui vit au pôle Nord. L’histoire de cette métamorphose est un exemple parfait de brassage culturel.

Tout commence au XVIIe siècle, avec les colons hollandais qui s’installent en Amérique du Nord et fondent La Nouvelle-Amsterdam (qui deviendra New York). Ils emportent avec eux leurs traditions, et notamment la célébration de Sinterklaas, leur version de Saint Nicolas. Au fil du temps et des prononciations, « Sinterklaas » se transforme phonétiquement en « Santa Claus ».

Le personnage change aussi d’apparence. En 1823, le poème A Visit from St. Nicholas (plus connu sous le nom de ‘Twas the Night Before Christmas), attribué à Clement Clarke Moore, le décrit non plus comme un évêque grand et mince, mais comme un lutin jovial et dodu, conduisant un traîneau tiré par huit rennes. Adieu la mitre et la crosse, bonjour le bonnet et les joues roses !

Le coup de grâce est donné à la fin du XIXe siècle par le dessinateur Thomas Nast. Il popularise l’image de Santa Claus que nous connaissons : un grand homme barbu, vêtu de rouge, vivant au pôle Nord avec ses elfes. Dans les années 1930, une célèbre marque de soda achèvera de fixer cette image dans l’inconscient collectif mondial à travers ses campagnes publicitaires.

Le Père Noël est donc, en quelque sorte, le lointain cousin américain, un peu exubérant et mondialisé, de notre bon vieux Saint Nicolas européen.

Le 6 décembre, un jour d’anniversaires et d’histoire

Au-delà des légendes et des brioches, le 6 décembre est aussi une date qui a vu naître des talents et se dérouler des événements marquants. Chaque jour a sa propre mémoire.

Côté anniversaires, le 6 décembre est une date prolifique pour le monde du spectacle. On y souffle les bougies de personnalités aussi diverses que :

  1. L’actrice et réalisatrice française Sabrina Ouazani, dont l’énergie et le talent crèvent l’écran.
  2. L’humoriste et acteur Arnaud Ducret, un maître de la comédie qui sait aussi toucher par sa sensibilité.
  3. L’actrice américaine Sarah Rafferty , l’inoubliable et brillante Donna Paulsen de la série Suits.
  4. Le producteur, scénariste et réalisateur américain Judd Apatow, le pape de la comédie américaine moderne.

Mais l’Histoire, avec un grand H, a aussi coché cette date sur son agenda. Le 6 décembre est, par exemple, le jour de l’indépendance de la Finlande, proclamée en 1917. C’est aussi le jour, en 1865, où le treizième amendement de la Constitution américaine, abolissant officiellement l’esclavage, a été ratifié. Des événements d’une portée considérable, qui nous rappellent que derrière chaque date du calendrier se cachent des combats, des espoirs et des tournants pour l’humanité.

Alors, la prochaine fois que vous verrez le 6 décembre approcher, j’espère que vous y verrez plus qu’une simple case à cocher avant le 25. Vous y verrez l’héritage d’un évêque au grand cœur, la silhouette menaçante mais juste du Père Fouettard, le parfum du pain d’épices, et le souvenir d’une tradition qui résiste, avec chaleur et gourmandise, à l’uniformisation des fêtes.

C’est une célébration de la générosité, de l’histoire locale et de la magie simple de l’enfance. Et vous, quelle place donnez-vous à Saint Nicolas dans vos traditions ?

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