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Le Vocabulaire Alsacien : Guide Essentiel pour Parler comme un Natif

Le Vocabulaire Alsacien : Guide Essentiel pour Parler comme un Natif

Le Vocabulaire Alsacien : Le Guide pour Comprendre et Parler comme un Natif (ou presque !)

Le Vocabulaire Alsacien : Le Guide pour Comprendre et Parler comme un Natif (ou presque !)

Vous arrivez en Alsace, vous vous baladez dans les rues pavées de Strasbourg ou de Colmar, et soudain, vous tendez l’oreille. Vous entendez des bribes de conversations qui flottent dans l’air. Ça sonne un peu comme de l’allemand, mais avec une pointe de douceur française. Un « Salü » par-ci, un « ça geht’s? » par-là. Bienvenue dans le monde merveilleux et parfois déroutant de l’alsacien ! En tant que passionné de cette région et de ses trésors linguistiques, je vais vous guider dans ce dialecte chaleureux.

Alors, pour répondre directement à la question qui taraude tant de visiteurs et de curieux :

la richesse du vocabulaire alsacien courant provient de ses racines germaniques (plus précisément alémaniques), mais il est profondément façonné par des siècles d’histoire et de culture partagées avec la France, ce qui en fait un dialecte unique, vivant et incroyablement imagé.

Maintenant que c’est dit, attrapez un bretzel et installez-vous confortablement. On part en voyage au cœur des mots d’Alsace. Hopla, c’est parti !

Les Fondamentaux : La Politesse et les Salutations du Quotidien

Avant de se lancer dans des conversations complexes sur la cuisson de la choucroute, commençons par la base de la base : la politesse. Un petit effort pour utiliser les termes locaux vous ouvrira bien des portes et surtout, beaucoup de sourires.

La première chose que vous entendrez, c’est le fameux « Salü ». C’est un peu le couteau suisse de la salutation.

  • Salü ! : Bonjour, salut. Ça marche à toute heure et dans presque toutes les situations informelles. C’est amical et passe-partout.
  • Guete Morga / Güata Morga : Bonjour (le matin).
  • Guete Dàg / Güata Tàg : Bonjour (en journée).
  • Guete Owe / Güata Oba : Bonsoir.

Pour dire merci, on utilise souvent « merci », mais avec une petite touche locale. L’OLCA (Office pour la Langue et les Cultures d’Alsace et de Moselle) nous apprend que la nuance est subtile mais bien présente entre le nord et le sud de la région.

Français Dialecte du Bas-Rhin (Strasbourg) Dialecte du Haut-Rhin (Mulhouse)
Merci Merci Merci
Merci beaucoup Vielmols merci Merci vielmols
S’il vous plaît Wenn’s belìebt Wenn’s belìebt
Au revoir Àdje / O revoir Àdje / O revoir

Et pour dire « madame » ? C’est une question intéressante. On n’utilise pas « madame » seul comme en français. On se rapproche de l’allemand avec « Frau », mais toujours suivi du nom de famille. Dire « Bonjour, Frau Muller » est tout à fait naturel. C’est une marque de respect formel. Entre amis, bien sûr, on s’appelle par les prénoms !

L’Énigme des Noms en « -heim » : Une Plongée dans l’Histoire

Si vous avez déjà regardé une carte de l’Alsace, une chose a dû vous sauter aux yeux : la prolifération des noms de villes et villages se terminant en « -heim ». Schiltigheim, Bischheim, Molsheim, Mundolsheim… la liste est interminable. Ce n’est pas une coïncidence, c’est une signature historique.

D’après une analyse de

bfmtv.com

, pas moins de 24% des communes alsaciennes partagent ce suffixe ! C’est énorme. En comparaison, la Lorraine voisine n’en compte qu’une petite quinzaine.

Mais alors, que signifie ce fameux « heim » ?
En allemand, « Heim » se traduit par « foyer », « hameau » ou « village ». Ce sont les traces linguistiques laissées par les peuples germaniques, notamment les Alamans, qui se sont installés dans la plaine du Rhin après la chute de l’Empire romain.

Chaque nom de village raconte une petite histoire :

  • Molsheim : Le « foyer de Molto » (un nom de chef franc).
  • Schiltigheim : Le « foyer de Sciltunc » (un autre nom propre).
  • Bischheim : Le « foyer de l’évêque » (Bischof en allemand).

Penser à ces terminaisons, c’est comme faire de l’archéologie linguistique. On déterre des strates d’histoire et on imagine ces premières communautés qui s’installaient, défrichaient la terre et fondaient leur « heim ». C’est fascinant de voir comment le paysage porte encore aujourd’hui les cicatrices et les souvenirs de ce passé lointain.

Déclarer sa Flamme : L’Amour en Alsacien

Passons à des choses plus douces. L’alsacien, avec ses sonorités parfois un peu rudes, peut aussi être une langue d’une grande tendresse. Si le cœur vous en dit et que vous tombez sous le charme d’un Alsacien ou d’une Alsacienne, voici quelques munitions pour votre arsenal romantique.

La phrase clé, c’est bien sûr « Je t’aime ».
En alsacien, la formule la plus courante est : Ìch hàn dìch garn.
Littéralement, cela se traduit par « Je t’ai volontiers/chèrement », ce qui est une façon très poétique et un peu pudique de déclarer ses sentiments.

Mais il existe d’autres variantes, plus ou moins intenses :

  1. Ìch lìeb dìch : C’est la traduction directe de l’allemand « Ich liebe dich ». C’est très fort, presque solennel. À ne pas utiliser au premier rendez-vous, disons.
  2. Du gfàllsch mer : « Tu me plais ». Parfait pour débuter, pour tester le terrain.
  3. Bisch mìne Schàtz : « Tu es mon trésor ». « Schàtz » ou « Schatzele » (le diminutif) est un terme d’affection extrêmement courant, que l’on peut utiliser pour son partenaire, mais aussi pour un enfant.

Les Alsaciens ne sont peut-être pas les plus démonstratifs au premier abord, mais quand un « Ìch hàn dìch garn » est prononcé, il vient du cœur. C’est une promesse, un mot qui pèse son poids de kelsch et de kougelhopf.

À Table ! Le Lexique Indispensable du « Winstub »

On ne peut pas parler de l’Alsace sans parler de sa gastronomie. C’est une religion. Et qui dit gastronomie, dit vocabulaire spécifique. Pour ne pas être perdu face au menu d’un Winstub (une taverne traditionnelle), voici un petit lexique de survie.

D’abord, l’expression la plus importante avant de planter sa fourchette dans la choucroute :

E Gueter !

C’est l’équivalent de « Bon appétit ! ». Vous l’entendrez partout. La réponse polie est « Glichfàlls » (Pareillement, à vous aussi).

Voici quelques plats et termes que vous croiserez à coup sûr :

  • Sürkrüt : La choucroute. Le mot signifie littéralement « chou acide ».
  • Flammekueche : La tarte flambée. Ne dites jamais « pizza alsacienne », c’est un motif de rupture diplomatique.
  • Baeckeoffe : Ce ragoût de trois viandes mariné au vin blanc et cuit des heures dans une terrine lutée. Le nom signifie « four du boulanger », car les ménagères amenaient leur plat à cuire dans le four du boulanger du village pendant qu’il refroidissait.
  • Wurscht : La saucisse. Vous aurez le choix entre les Knacks (saucisses de Strasbourg), les Lewwerwurscht (saucisse de foie), les Blüetwurscht (boudin noir)…
  • Spätzle : Sorte de pâtes alsaciennes, souvent servies en accompagnement.

Et pour trinquer ? Levez votre verre de Sylvaner ou votre Picon et lancez un joyeux « S’gilt ! » ou « Proscht ! ». Le premier est plus traditionnel et signifie « À la tienne/vôtre ! », littéralement « ça vaut ! ».

Expressions Imagées : Quand l’Alsacien Révèle son Âme

Le véritable charme d’une langue se cache dans ses expressions idiomatiques. Celles qui n’ont aucun sens si on les traduit mot à mot, mais qui sont pleines de sagesse populaire et d’humour.

L’une des plus célèbres est sans doute « Ça geht’s? ». C’est le mélange parfait entre le français et l’alsacien : « ça » + « geht es ? » (comment ça va ? en allemand). C’est la quintessence du parler local. La réponse typique ? « Ça geht » (ça va). Simple. Efficace.

Quelques autres pépites :
* Hopla ! : L’onomatopée à tout faire. Elle peut signifier « Allez ! », « Attention ! », « Oups ! », « Et voilà ! ». C’est le son de l’Alsace en action.
* Jetzt geht’s los ! : « C’est parti ! », « Que la fête commence ! ». Souvent crié avec entrain au début d’un événement.
* Macha Salem : « Ne fais pas d’histoires », « Arrête ton cirque ». Une injonction pleine de fausse sévérité.
* Er het a Hupschìss : Littéralement, « il a la chiasse du houblon ». C’est une façon très imagée de dire que quelqu’un est un peu fou, un peu simplet.
* S’isch mer Wurscht : « C’est saucisse pour moi ». Traduction : « Ça m’est complètement égal ». Pourquoi la saucisse ? Mystère. Mais l’image est savoureuse.

Ces expressions sont le sel de la langue. Elles montrent un esprit pratique, un humour pince-sans-rire et un attachement profond à des images concrètes et rurales.

Les Petits Pièges et Finesses de la Prononciation

Pour finir, quelques conseils pour ne pas tomber dans les pièges classiques. L’alsacien est un dialecte oral, et sa prononciation peut être un défi.

Le son « ch » est l’un des plus difficiles. Il se prononce de deux manières :
1. Le « ch » doux (ich-Laut) : Comme dans « ìch » (je). C’est un son qui vient de l’avant de la bouche, un peu comme un chat qui feule gentiment.
2. Le « ch » dur (ach-Laut) : Comme dans « màche » (faire). Il est guttural, il vient du fond de la gorge, comme le « jota » espagnol.

Le « r » est également roulé, comme en allemand ou en espagnol. C’est ce qui donne cette mélodie si particulière au dialecte.

Attention aux faux amis ! Parce que l’alsacien est proche de l’allemand, on peut être tenté de faire des parallèles. Parfois ça marche, parfois non. Par exemple, le mot pour « fille » est « e Màdel », qui est très proche de l’allemand « Mädel ». Mais pour « garçon », on dira « e Büe », ce qui est bien différent de l’allemand « Junge ».

Mon conseil ultime ? N’ayez pas peur d’essayer. Même si votre accent est maladroit, même si vous mélangez les mots, l’effort sera toujours apprécié. Les Alsaciens sont fiers de leur dialecte et sont souvent ravis de voir des « étrangers » (même s’ils viennent juste de la Lorraine ou de la Franche-Comté) s’y intéresser.

Alors, la prochaine fois que vous croiserez un habitant, lancez-lui un grand « Salü, ça geht’s? ». Vous verrez, la glace sera immédiatement brisée. Vous ne parlerez peut-être pas comme un natif, mais vous aurez ouvert une petite porte sur l’âme de l’Alsace. Et ça, s’gilt de l’or

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