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Saint-Gobain : De l’héritage royal aux défis industriels du futur

Saint-Gobain : De l’héritage royal aux défis industriels du futur

Saint-Gobain. Ce nom vous dit quelque chose, n’est-ce pas ? Peut-être l’avez-vous vu sur un camion, sur un panneau de chantier, ou en cherchant de l’isolant pour vos combles. C’est une de ces marques qui font partie du paysage, si familière qu’on en oublie de se demander d’où elle vient. Et pourtant, son histoire est une véritable épopée industrielle, un roman français qui traverse les siècles. Alors, plongeons ensemble dans les coulisses de ce géant. Quelle est la véritable histoire de Saint-Gobain et qui tire les ficelles aujourd’hui ?

Fondée en 1665 par Jean-Baptiste Colbert sous le nom de Manufacture royale des glaces, Saint-Gobain est aujourd’hui un leader mondial des matériaux de construction dirigé par Benoit Bazin, avec une histoire riche de près de quatre siècles d’innovation et de transformation.

Voilà pour la réponse directe. Mais vous vous doutez bien que résumer 360 ans en une seule phrase, c’est un peu comme décrire la Galerie des Glaces en disant juste « c’est une pièce avec des miroirs ». On passe à côté de l’essentiel. L’histoire de Saint-Gobain, c’est celle de la France qui s’invente, qui innove et qui conquiert le monde. Accrochez-vous, on remonte le temps.

Aux origines du luxe : quand le Roi-Soleil voulait ses propres miroirs

Aux origines du luxe : quand le Roi-Soleil voulait ses propres miroirs

Imaginez un peu la scène. Nous sommes au milieu du XVIIe siècle. Louis XIV, le Roi-Soleil, est en pleine construction de son image et de son palais : Versailles. Il veut du grandiose, de l’inédit, du jamais-vu. Et à cette époque, le summum du luxe, l’objet de toutes les convoitises, c’est le miroir.

Un simple miroir ? Oui, mais pas n’importe lequel. Un miroir de grande taille, à la surface parfaite. Et pour ça, il n’y avait qu’une seule adresse : Venise. Les maîtres verriers de Murano détenaient le secret de fabrication, un secret gardé plus jalousement qu’une recette de potion magique. Leurs miroirs s’arrachaient à prix d’or dans toutes les cours d’Europe. Une véritable fuite des capitaux pour le royaume de France.

C’est là qu’intervient Jean-Baptiste Colbert, le super-ministre des Finances de Louis XIV. Homme pragmatique, adepte du mercantilisme (produire local, exporter un maximum), il voit rouge. Payer une fortune aux Vénitiens pour décorer le château du roi de France ? Inconcevable. Sa solution est radicale : créer notre propre industrie. C’est ainsi qu’en octobre 1665, la « Manufacture royale des glaces de miroirs » voit le jour par lettres patentes. L’objectif est clair : briser le monopole vénitien, produire français et, accessoirement, fournir les 357 miroirs nécessaires pour orner la future Galerie des Glaces.

L’aventure commence par une bonne vieille séance d’espionnage industriel. On débauche des artisans vénitiens, on leur promet monts et merveilles, et on les installe dans le Faubourg Saint-Antoine à Paris. Les débuts sont chaotiques, les Vénitiens sont furieux, mais la technique est acquise. Le procédé de coulage du verre sur table métallique est perfectionné, permettant de produire des glaces d’une taille et d’une qualité exceptionnelles pour l’époque.

Le couronnement de ce succès, c’est bien sûr la Galerie des Glaces, achevée en 1684. Une démonstration éblouissante du savoir-faire français, un coup de maître politique et commercial. La Manufacture a réussi sa mission. Elle est devenue le fournisseur officiel du luxe et de la grandeur à la française.

De la glace à l’usine : le virage industriel qui a tout changé

Survivre à son client le plus prestigieux, le Roi, n’est pas chose aisée. La Révolution française balaie l’Ancien Régime, et avec lui, les privilèges royaux. La Manufacture doit se réinventer. Devenue une entreprise privée, elle s’installe durablement dans le petit village de Saint-Gobain en Picardie (qui lui donnera son nom définitif bien plus tard), un lieu choisi pour ses vastes forêts fournissant le bois nécessaire aux fours.

Le XIXe siècle, c’est le siècle de la vapeur, du charbon, de l’industrie triomphante. Saint-Gobain, tel un caméléon, s’adapte et prend le virage. L’entreprise ne se contente plus de faire des miroirs pour les châteaux. Elle diversifie sa production pour répondre aux nouveaux besoins d’une société en pleine mutation.

Le grand tournant, c’est la chimie. Pour produire du verre, il faut de la soude. Au lieu de l’acheter, pourquoi ne pas la fabriquer ? Saint-Gobain se lance dans la production de soude via le procédé Leblanc, puis adopte le procédé Solvay, plus performant. C’est le début d’une diversification qui ne s’arrêtera plus. L’entreprise devient un acteur majeur de l’industrie chimique de base.

Cette double casquette verre/chimie lui permet de traverser les crises et les guerres. Elle participe à l’effort de guerre en 14-18, puis à la reconstruction. Elle innove sans cesse :

  • Le verre trempé (Sekurit), qui révolutionne la sécurité automobile.
  • La fibre de verre (Isover), qui ouvre le marché gigantesque de l’isolation thermique et acoustique.
  • Le placoplâtre (Placo), qui change la façon de concevoir les cloisons intérieures.

Lentement mais sûrement, la petite manufacture de miroirs se transforme en un conglomérat industriel tentaculaire. Elle n’est plus seulement un artisan du luxe, mais un bâtisseur du quotidien.

Saint-Gobain en 2025 : un colosse aux pieds bien ancrés dans le futur

Faisons un bond en avant jusqu’à aujourd’hui. Que reste-t-il de la manufacture de Colbert ? Tout et rien à la fois. Le nom est resté, l’esprit d’innovation aussi. Mais la dimension a explosé.

Aujourd’hui, Saint-Gobain, c’est un géant mondial. Quelques chiffres pour prendre la mesure du colosse :

  • Une présence dans 76 pays.
  • Près de 166 000 collaborateurs à travers le monde.
  • Un portefeuille de marques que vous utilisez sans même le savoir : Isover, Placo, Weber, Point.P, Lapeyre (pendant longtemps), Sekurit pour les pare-brises…

Le siège social, autrefois niché à Paris, trône désormais à La Défense. La Tour Saint-Gobain, inaugurée en 2019, est une vitrine spectaculaire du savoir-faire du groupe. Un gratte-ciel de verre, conçu pour être un modèle de performance énergétique et de confort pour ses occupants. Un symbole puissant : l’entreprise utilise ses propres matériaux pour construire sa maison.

Notre mission n’est plus seulement de refléter la grandeur, mais de construire un avenir confortable et durable pour tous.

Le focus a changé. Si le verre est toujours au cœur de l’activité, le véritable enjeu du XXIe siècle pour Saint-Gobain, c’est la construction durable. Face à l’urgence climatique, le groupe se positionne comme un leader des solutions pour la rénovation énergétique et la construction bas-carbone. L’isolation, les matériaux légers, le recyclage… voilà les nouveaux champs de bataille. L’entreprise s’est fixé un objectif ambitieux : atteindre la neutralité carbone en 2050. Un défi monumental pour un groupe industriel de cette taille.

On est loin, très loin, des miroirs de Versailles. Et pourtant, la logique est la même : identifier un besoin stratégique de l’époque (la grandeur du royaume hier, la survie de la planète aujourd’hui) et y répondre par l’innovation industrielle.

Derrière le géant : qui est Benoit Bazin, le pilote du navire Saint-Gobain ?

Une entreprise de cette envergure ne se pilote pas toute seule. Pendant des décennies, des figures emblématiques se sont succédé à sa tête. Aujourd’hui, le capitaine du navire s’appelle Benoit Bazin.

Nommé Directeur Général le 1er juillet 2021, il a ajouté la casquette de Président du Conseil d’Administration le 6 juin 2024, concentrant ainsi les pleins pouvoirs. Ce n’est pas un nouveau venu. Benoit Bazin est un pur produit de la maison, qu’il a rejointe en 1999 après un passage dans la haute fonction publique. Il en a gravi tous les échelons, connaissant le groupe sur le bout des doigts, de la finance aux pôles les plus innovants.

Son arrivée à la tête de l’entreprise a marqué une accélération stratégique. Fini le conglomérat un peu dispersé. Bazin a mis en place un plan clair, baptisé « Grow & Impact ». L’idée ? Se concentrer sur les marchés les plus porteurs et les plus en phase avec les enjeux de durabilité. On vend les activités jugées moins stratégiques (comme la distribution Lapeyre) et on investit massivement dans les solutions pour la construction légère et la rénovation.

Sa vision est celle d’un leader mondial, agile et responsable. Il pousse pour une organisation plus locale, plus proche de ses clients, afin de répondre au mieux aux spécificités de chaque marché. C’est un leader de sa génération : focalisé sur la performance, bien sûr, mais aussi sur l’impact sociétal et environnemental de son entreprise. Il incarne cette transition d’un géant historique vers un acteur moderne, conscient de ses responsabilités.

L’esprit Saint-Gobain : plus qu’une entreprise, une saga humaine

Ce qui est fascinant avec Saint-Gobain, c’est que derrière les chiffres et les stratégies, il y a des lieux et des hommes. L’entreprise n’est pas une entité abstraite. Elle est ancrée dans les territoires. Quand on parle de Saint-Gobain, on parle de l’usine de produits chimiques devenue un centre de recherche et développement à Aubervilliers, ou des centaines d’autres sites industriels qui font vivre des régions entières.

Travailler chez Saint-Gobain, c’est un peu comme entrer dans une famille avec une très, très longue histoire. C’est porter un héritage de près de quatre siècles d’innovations, d’échecs et de succès. C’est une culture d’ingénieurs, de techniciens, de compagnons, qui ont transmis leur savoir-faire de génération en génération.

Petite parenthèse : et Gaëtan Grieco dans tout ça ?

En faisant mes recherches, je suis tombé sur une question surprenante : « Qui est Gaëtan Grieco ? ». Vous aussi, peut-être ? C’est le petit piège des algorithmes de recherche qui, parfois, font des associations d’idées un peu farfelues.

Alors, pour satisfaire votre curiosité et tordre le cou à une idée reçue : non, Gaëtan Grieco n’a absolument rien à voir avec Saint-Gobain. C’est une autre histoire entrepreneuriale française, tout aussi admirable mais dans un tout autre domaine. Gaëtan Grieco est le fondateur de Chaussea, le géant de la distribution de chaussures. Parti de rien, vendant sur les marchés, il a bâti un empire de plusieurs centaines de magasins. Une success-story incroyable, mais qui appartient au monde de la mode et du retail, bien loin du verre et des matériaux de construction. Fin de la parenthèse !

L’avenir se construit : Saint-Gobain, le miroir de notre monde

Au final, l’histoire de Saint-Gobain est un formidable miroir. Pas seulement celui qui ornait les murs de Versailles, mais un miroir qui reflète les transformations de notre société.

D’une commande royale pour affirmer la puissance d’un État, l’entreprise est passée à une multinationale répondant aux défis globaux de l’urbanisation et du changement climatique. Elle a troqué le luxe ostentatoire pour le confort essentiel. Elle a survécu à des rois, des empereurs, des républiques, deux guerres mondiales et d’innombrables crises économiques. Son secret ? Une capacité d’adaptation hors du commun.

Aujourd’hui, sous la houlette de Benoit Bazin, le groupe écrit une nouvelle page de son histoire, une page tournée vers la décarbonation et la construction durable. Le défi est immense, à la hauteur de son héritage. La petite manufacture qui voulait concurrencer Venise est devenue une entreprise qui doit aider le monde à construire un avenir viable. Et ça, c’est une mission encore plus grandiose que de décorer le palais du Roi-Soleil.

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