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Metz ou Nancy : la rivalité éternelle au cœur de la Lorraine dévoilée

Ah, la fameuse question ! Un sujet qui, en Lorraine, peut déclencher des débats plus passionnés qu’un match de foot entre le FC Metz et l’AS Nancy-Lorraine. Si vous cherchez une réponse simple et rapide, vous risquez de vous frotter à des siècles d’histoire, de rivalités et de réformes administratives. Alors, pour mettre tout le monde d’accord (ou pas), je vais vous donner la réponse la plus juste et complète possible.

La capitale de l’ancienne région administrative Lorraine était Metz, tandis que Nancy était la capitale historique du Duché de Lorraine, une distinction qui alimente une rivalité séculaire.

Voilà. C’est dit. Mais évidemment, cette phrase est une porte d’entrée, pas une conclusion. Elle soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Pourquoi deux capitales ? Laquelle est la « vraie » ? Et qu’en est-il aujourd’hui, en 2025 ? Accrochez-vous, on part pour un voyage au cœur de l’identité lorraine, une terre de caractère où rien n’est jamais tout à fait simple. Et c’est ça qu’on aime.

Metz, la Préfecture : quand l’administration s’en mêle

Metz, la Préfecture : quand l'administration s'en mêle

Pour comprendre le statut de Metz, il faut enfiler des lunettes de fonctionnaire et regarder une carte administrative du XXe siècle. Pendant des décennies, et jusqu’à la grande réforme territoriale de 2016, la France était découpée en régions. La région Lorraine, composée des quatre départements que sont la Moselle, la Meurthe-et-Moselle, la Meuse et les Vosges, avait besoin d’un chef-lieu, d’une préfecture de région.

Et ce rôle, c’est Metz qui l’a endossé.

C’était la capitale administrative. Le centre névralgique où se prenaient les décisions, où siégeaient les services de l’État. C’est un fait. Indiscutable. Metz était le centre du pouvoir républicain en Lorraine.

Mais pourquoi Metz et pas Nancy ? L’histoire, encore et toujours, a son mot à dire. Metz, avec son passé de ville libre du Saint-Empire romain germanique, son annexion à l’Allemagne entre 1871 et 1918, a une histoire singulière. Cette période allemande a d’ailleurs laissé des traces architecturales monumentales, comme le quartier impérial, qui lui confèrent une atmosphère unique, différente de celle des autres villes françaises. C’est une ville qui a toujours eu un poids stratégique et économique considérable. Son positionnement géographique, au carrefour de l’Europe, en a fait un pôle militaire et commercial de premier plan.

Aujourd’hui, quand je me balade à Metz, je ressens cette puissance tranquille. La cathédrale Saint-Étienne, avec ses 6 500 m² de vitraux, vous écrase de sa majesté gothique. Le Centre Pompidou-Metz, vaisseau blanc et futuriste, ancre la ville dans le XXIe siècle. C’est une cité de contrastes, où la pierre de Jaumont, dorée et chaleureuse, côtoie le béton audacieux. C’est une capitale dans l’âme, une ville qui sait commander.

Mais voilà le hic, le petit grain de sable dans l’engrenage bien huilé de l’administration : depuis 2016, la région Lorraine n’existe plus en tant que telle. Elle a fusionné avec l’Alsace et la Champagne-Ardenne pour former la région Grand Est. Et la capitale de cette immense nouvelle région, c’est… Strasbourg.

Alors, Metz a-t-elle perdu son titre ? Administrativement, oui. La question de la « capitale de la Lorraine » est devenue, d’un point de vue légal, un peu obsolète. Mais dans les cœurs et les esprits, l’histoire est bien plus tenace qu’une réforme territoriale.

Nancy, la Ducale : le cœur historique et culturel

Si Metz est la tête administrative, Nancy est sans conteste le cœur historique de la Lorraine. Pour comprendre Nancy, il faut remonter le temps, bien avant les préfets et les organigrammes. Il faut parler des Ducs.

Pendant près de sept siècles, le Duché de Lorraine était une principauté indépendante, un État souverain niché entre le Royaume de France et le Saint-Empire romain germanique. Et la capitale de ce duché, le centre de son pouvoir, de sa culture et de son rayonnement, c’était Nancy.

C’est ici que les ducs ont bâti leur légende. L’apogée de cette splendeur est sans aucun doute le XVIIIe siècle, sous le règne de Stanislas Leszczynski, ancien roi de Pologne et beau-père de Louis XV. C’est à lui que l’on doit l’un des plus beaux ensembles architecturaux du monde, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO : la Place Stanislas.

Se tenir au milieu de cette place, c’est comme entrer dans un rêve de pierre et d’or. Les grilles dorées de Jean Lamour, les fontaines majestueuses, l’harmonie parfaite des façades… tout ici respire l’élégance, le raffinement et le pouvoir d’un État souverain. Nancy n’était pas juste une capitale, c’était une vitrine, la preuve éclatante de la puissance des ducs de Lorraine.

Cette âme artistique ne s’est jamais éteinte. Au tournant du XXe siècle, Nancy est devenue le berceau de l’Art Nouveau en France avec la célèbre École de Nancy, menée par des artistes comme Émile Gallé ou Louis Majorelle. En se promenant dans la ville, on découvre au détour d’une rue une porte, un balcon, une verrière qui témoignent de cette effervescence créative. Nancy est une ville d’artistes, une ville universitaire, une ville qui vibre d’une énergie culturelle palpable. C’est la capitale du cœur, celle de l’identité lorraine profonde.

La « Guerre des Capitales » : une rivalité pour l’éternité

Vous l’aurez compris, on ne peut pas simplement choisir un camp. Metz et Nancy sont les deux facettes d’une même pièce, deux sœurs à la fois complices et rivales. Cette « guerre des capitales » n’est pas un vain mot. Elle a rythmé la vie politique et sociale de la région pendant des décennies. Chaque grand projet, chaque implantation d’une nouvelle administration ou d’une grande école donnait lieu à des batailles d’influence féroces entre les deux cités.

Pour y voir plus clair, j’ai résumé leurs atouts dans un petit tableau. C’est un peu caricatural, bien sûr, mais ça donne une bonne idée de leurs caractères respectifs.

Critère Metz, la Messine Nancy, la Nancéienne
Légitimité Administrative (ancienne préfecture de région) Historique (capitale du Duché de Lorraine)
Architecture dominante Gothique, Romane et Impériale Allemande Classique (XVIIIe siècle) et Art Nouveau
Atmosphère Institutionnelle, commerçante, « allemande » Universitaire, culturelle, « française »
Monument emblématique Cathédrale Saint-Étienne, Centre Pompidou Place Stanislas, Musée de l’École de Nancy
Atout majeur Carrefour européen, pôle économique Pôle universitaire et de recherche, vie culturelle

Cette rivalité, bien que parfois un peu folklorique, est profondément ancrée. Demander à un Messin ce qu’il pense de Nancy (et inversement) est souvent le début d’une longue tirade, empreinte d’une mauvaise foi affectueuse. C’est un jeu, une partie de l’identité locale.

Et en 2025, alors ? La paix des braves dans le Grand Est

La création de la région Grand Est a, en quelque sorte, sifflé la fin de la partie. En désignant Strasbourg comme unique capitale, la réforme a mis Metz et Nancy sur un pied d’égalité. Aucune des deux n’a « gagné ». Elles sont devenues ce qu’on appelle des métropoles d’équilibre au sein d’un ensemble plus vaste.

Le résultat ? Une forme d’apaisement. La rivalité stérile laisse place à une complémentarité intelligente.

  • Metz continue de jouer un rôle administratif en tant que préfecture de la Moselle et tire profit de sa proximité avec le Luxembourg et l’Allemagne pour développer son économie.
  • Nancy, avec son CHRU, son immense pôle universitaire et ses laboratoires de recherche, s’affirme comme une capitale de la connaissance et de la santé.

Finalement, cette nouvelle organisation a peut-être rendu à la Lorraine son identité plurielle. Il n’y a plus besoin de choisir une capitale, car la Lorraine est désormais une terre à deux têtes, un territoire polycentrique.

Au-delà du duel : l’âme véritable de la Lorraine

Au-delà du duel : l'âme véritable de la Lorraine

Parce que, soyons honnêtes, réduire la Lorraine à ce duel Metz-Nancy serait une terrible erreur. C’est oublier la richesse des autres territoires qui composent cette région historique.

  1. Les Vosges, avec leurs forêts profondes, leurs lacs et leurs montagnes douces. Épinal, la Cité de l’Image, en est le cœur vibrant. C’est la Lorraine verte, la Lorraine nature.
  2. La Meuse, terre de mémoire marquée au fer rouge par la Première Guerre mondiale. Verdun est un nom qui résonne dans le monde entier, un symbole de sacrifice et de résilience. C’est la Lorraine de l’Histoire, la Lorraine du souvenir.

L’âme lorraine, c’est aussi un patrimoine commun qui unit tous ses habitants, qu’ils soient de Metz, de Nancy, de Verdun ou d’Épinal. C’est la saveur d’une quiche, le parfum sucré de la mirabelle en août, le symbole puissant de la Croix de Lorraine.

Et c’est bien sûr la figure tutélaire de Saint Nicolas. Ici, le 6 décembre, on ne plaisante pas avec la tradition. Le Père Noël peut aller se rhabiller ! C’est Saint Nicolas, le véritable patron de la Lorraine, qui apporte les friandises aux enfants sages, accompagné du terrible Père Fouettard. C’est un moment de fête et de partage qui transcende toutes les rivalités de clocher.

Alors, Metz ou Nancy ? La réponse est dans le voyage

En fin de compte, la question « Quelle est la capitale de la Lorraine ? » est un merveilleux prétexte pour découvrir une région complexe et attachante. Il n’y a pas de mauvaise réponse.

La vraie réponse, c’est que la Lorraine a la chance d’avoir deux villes magnifiques qui se partagent, chacune à leur manière, ce titre honorifique. L’une incarne la puissance et l’histoire mouvementée de la région à travers les siècles, l’autre représente l’élégance et le raffinement d’un duché souverain.

Mon conseil de passionné ? Ne choisissez pas. Visitez les deux. Imprégnez-vous de l’atmosphère si particulière de Metz, perdez-vous dans ses ruelles médiévales et admirez l’audace de son architecture. Puis, laissez-vous éblouir par la perfection de la Place Stanislas à Nancy, flânez dans le parc de la Pépinière et découvrez les trésors de l’Art Nouveau.

Alors, la prochaine fois que quelqu’un vous posera la question, souriez. Ne lui donnez pas une seule réponse. Racontez-lui une histoire. Celle de deux cités, d’un duché, d’une région au caractère bien trempé. C’est bien plus intéressant, n’est-ce pas ?

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